Il y a près de deux ans, le 12 décembre 2013, l’Ambassade du Liban à Libreville inaugurait son nouveau bâtiment, construit grâce aux dons de la Communauté libanaise au Gabon, sur un terrain offert à cet effet par le Gouvernement gabonais sur l’artère principale de Libreville.
Si j’entame ainsi mon propos, c’est parce que l’histoire de ce bâtiment est un symbole de celle des relations libano-gabonaises, l’histoire d’une relation humaine bien avant d’être étatique, l’histoire d’une rencontre entre l’hospitalité et l’ouverture du peuple et des autorités gabonais et l’esprit d’initiative et le savoir-faire entrepreneurial des Libanais.
La présence de Libanais sur les terres gabonaises est attestée dès les premières décennies du siècle passé. Mais c’est à partir du milieu des années soixante que les premières installations significatives se font. Elles vont se poursuivre, s’intensifiant d’une manière notable lors des tristes années de la guerre au Liban. L’ouverture d’une ambassade suivra en 1980.
Mais l’ouverture du Gabon envers les Libanais ne s’arrêtera pas avec la fin de la guerre. Estimés à cinq mille au milieu des années quatre-vingt-dix, les Libanais résidents au Gabon sont estimés aujourd’hui à plus de huit mille, un mouvement encouragé par feu le Président Omar Bongo Ondimba tout au long de son mandat et par Son Excellence Monsieur le Président Ali Bongo Ondimba à partir de 2009, comme marque de l’estime portée à la Communauté libanaise et à sa contribution au dynamisme économique du pays.
Ces Libanais ne sont pour autant pas des expatriés. Ils sont partie intégrante du tissu social gabonais. Ils sont pour une grande partie citoyens gabonais. Ils sont ce qu’on appelle une communauté de proximité : ils partagent les mêmes rues, les mêmes immeubles, les mêmes façades commerciales que leurs concitoyens gabonais. Certains sont des Gabonais de troisième génération, et il est fréquent d’entendre leurs enfants, en visite au Liban, dire «chez nous» en parlant de leur vie au Gabon.
Phénomène humainement perçu comme négatif, car rimant avec déracinement, exil, séparation, l’émigration a fini par faire partie intégrante de l’identité libanaise.
La figure du Libanais entreprenant, créatif, téméraire, forgeant son chemin et sa réussite dans le domaine du commerce, de l’entreprenariat, mais aussi dans ceux des métiers libéraux, des responsabilités dans les grandes sociétés, et de l’art, a fini par devenir un modèle pour les générations de jeunes Libanais, et la diaspora libanaise est aujourd’hui perçue à juste titre comme une des principales richesses, un des principaux atouts du Liban.
Cela est dû entre autre à ces deux valeurs que le Libanais a toujours portées en lui à travers ses pérégrinations : la loyauté et la fidélité.
Loyauté envers le pays d’accueil dans la société duquel le Libanais a toujours été perçu comme une composante économiquement et culturellement enrichissante, souvent donnée comme exemple d’intégration.
Fidélité envers le pays de ses pères, un pays qu’il porte en lui-même, auquel il rend visite comme en un pèlerinage annuel, et dont il s’applique à transmettre l’amour à ses enfants souvent nés dans le pays d’accueil.
L’Etat libanais a toujours eu pour ligne la promotion de ces deux valeurs.
Il a toujours veillé à ce que le Libanais, là où il se trouve, soit un citoyen pleinement intégré de son pays d’adoption. En même temps, il a toujours œuvré à maintenir et à renforcer ses liens avec son pays d’origine.
C’est dans cette ligne que les ambassades du Liban ont toujours œuvré et que mes illustres prédécesseurs à l’Ambassade du Liban à Libreville se sont activés.
Depuis quelques années déjà, l’Ambassade a néanmoins connu une dynamique de visibilité accrue et a œuvré à une meilleure rencontre avec la communauté présente au Gabon.
Comme mentionné au tout début de mon propos, l’honneur d’inaugurer officiellement le nouveau bâtiment de l’Ambassade m’est revenu, il y a un peu plus d’un an, en présence de Son Excellence Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et des Emigrés.
Le grand mérite de l’achèvement du projet de construction du bâtiment susmentionné revient indéniablement à mes prédécesseurs, et d’une manière particulière à mon prédécesseur immédiat, Son Excellence Madame l’Ambassadeur Micheline Baz, ainsi qu’à tous les membres de la Communauté libanaise au Gabon qui se sont investis et ont assuré les moyens de mener cette entreprise à son terme.
Qu’ils en soient remerciés. L’emplacement de ces nouveaux et imposants bâtiments, situés sur le Boulevard Triomphal Omar Bongo Ondimba, est d’une certaine manière emblématique de la place particulière qu’occupe la Communauté libanaise dans le tissu social gabonais.
En juillet dernier, l’Ambassade lançait sa base de recensement numérique.
Un logiciel conçu sur mesure, dans lequel sont introduites les données des citoyens libanais enregistrés auprès de l’Ambassade, et au travers duquel, grâce à différents outils de recherche et de classification, cette dernière peut avoir une cartographie des plus précises de la présence libanaise au Gabon.
C’est un travail de longue haleine sans doute, qui comprend outre l’informatisation des données relatives aux Libanais nouvellement inscrits, la revue de tous les dossiers présents dans les archives de l’Ambassade, dont certains remontent à trente-cinq ans, afin de les mettre à jour, et l’Ambassade a recruté à cet effet un collaborateur exclusivement assigné à ce projet.
A cette base sont liés une mail list et un service web2sms en permanente extension qui permettront de communiquer d’une manière plus directe avec le plus grand nombre possible de Libanais présents au Gabon.
Et j’ai le plaisir d’ajouter désormais aux moyens de contact déjà existants cette nouvelle plateforme de communication et d’information qu’est le site de l’Ambassade.
Il vise à communiquer d’une manière simple et intelligible des informations utiles sur le Liban, sur les activités de l’Ambassade, sur les formalités consulaires, et toute autre information utile aux Libanais du Gabon.
Mais ces outils, pour utiles et nécessaires qu’ils soient, ne sont en définitive que des outils. Ce n’est pas à eux que la Communauté libanaise a affaire en dernier lieu. Et ce sur quoi l’Ambassade veille d’une manière prioritaire, c’est de privilégier le contact humain, de faire en sorte que le Libanais présent au Gabon perçoive toujours l’Ambassade comme un lieu ouvert, d’accès facile, où il puisse rencontrer des responsables disponibles et une équipe administrative compétente et chaleureuse.
Je vous invite donc à user de cette plateforme, demeure ouvert à toute suggestion que vous feriez à ce sujet, et tiens à vous assurer de ma disposition à mettre en œuvre davantage de projets et d’actes concrets visant à une interaction et à une synergie toujours plus fructueuses entre la Communauté libanaise et l’Ambassade.
Kenj El Hajal
Ambassadeur